" J'ai longtemps rêvé l'existence, au cœur de nos villes et de nos vies, d'un endroit protégé de la clameur du monde, du bruit et de la fureur, où l'on pourrait faire halte un instant. Un endroit au coin de la rue où nous attendrait, derrière son bureau, un poète. On passerait sa porte pour s'asseoir un moment face à lui, le temps qu'il nous écrive un poème. Nul n'aurait besoin de parler, notre seule présence suffirait. On irait là-bas comme on va chez le fleuriste, le coiffeur ou le cordonnier, entre midi et deux ou après le travail. Dans les grandes et les petites occasions. "
Le rêve a pris forme. Le 12 mars 2023, au 127, rue de Turenne, à Paris, Arthur Teboul a ouvert un cabinet de poèmes minute, le Déversoir. Pendant une semaine, du matin au soir, il y a accueilli près de 250 visiteurs. Pour chacun d'entre eux, il a écrit un poème, exerçant ce nouveau métier de déverseur, lui donnant sa toute première adresse. L'ensemble de ces poèmes compose la majeure partie de cet ouvrage. Arthur Teboul y poursuit son exploration de l'écriture automatique, mais, cette fois, en présence d'autrui. C'est une des raisons pour lesquelles L'Adresse, qui donne aussi la parole à ceux qui sont venus au Déversoir, invite à vivre la poésie comme une expérience collective.
" Tant qu'une chose en laquelle vous croyez n'existe pas, tout vous pousse à l'abandonner au néant. Une fois qu'elle a vu le jour ? Rien ne peut lui résister. "
Parce que la poésie manque dans notre vie quotidienne, Arthur Teboul a inventé un métier : déverseur. Et son cadre : le Déversoir. Quatre murs, une adresse postale, une plaque en étain devant l'entrée, un bureau, deux chaises, des feuilles, un stylo. Et des rendez-vous. Chaque consultation, d'une quinzaine de minutes, a donné lieu à l'écriture d'un poème. Après une semaine et 236 rencontres, une évidence s'est imposée : un tel métier et un tel endroit méritaient d'exister. De ces 236 rencontres sont nés les 236 poèmes minute réunis ici. Aux visiteurs, quelques mois plus tard, Arthur Teboul a envoyé un message accompagné de vingt-et-une questions.
Les réponses se trouvent dans la dernière partie de ce livre. Une voix collective s'y élève qui atteste que ce besoin de poésie est partagé. Une voix qui confirme que quelque chose s'est passé et veut se poursuivre. Décrire cet échange, vous ouvrir la porte du Déversoir et vous y faire entrer, c'est l'enjeu de ce livre.
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