"Dans ce portrait, on trouve une Silvina morcelée, une femme à recomposer.'
Affublée de ses lunettes noires à montures blanches, ses éternelles baskets rouges aux pieds, l'insaisissable Silvina Ocampo, à l'instar d'une Clarice Lispector ou d'une Amparo Dávila, est l'une des figures les plus talentueuses et étranges de la littérature sud-américaine.
Fille d'une famille aristocratique argentine, nouvelliste saluée par ses pairs mais méconnue du grand public de son vivant, elle est l'objet de nombreux mythes entourant son œuvre aussi bien que sa vie privée. Il y a cette langue singulière, qui lui vient peut-être de son éducation francophone.
Il y a la relation particulière qu'elle entretenait avec son mari, Adolfo Bioy Casares. Son amitié changeante et bavarde avec Borges, qui chaque soir dînait chez eux. Ses rapports ambigus avec sa soeur aînée, l'olympienne Victoria Ocampo. Les liaisons qu'on lui prête, entre autres avec la poétesse Alejandra Pizarnik. Et ses prémonitions inquiétantes...
À travers de nombreuses sources et les témoignages de son entourage, Mariana Enriquez questionne les mythes, lève parfois le voile sur les secrets et observe avec une intensité unique la vie de la petite sœur discrète qui aimait à se cacher. Le résultat est le portrait sensible et émouvant d'une femme attachante et sombre, intelligente et doucement perverse, possédant une imagination débordante (et des jambes spectaculaires). L'occasion pour l'autrice de Notre part de nuit de revendiquer avec force l'héritage d'Ocampo, sa grande sœur en littérature.
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