Londres, 1882. Le romancier Edwin Reardon en est convaincu : l’inspiration l’a quitté et la misère le guette. Pire encore, Amy, son épouse adorée, ne supporte plus l’idéalisme vain de son mari, qui contraste cruellement avec l’art de la concession cultivé par les autres hommes de plume, dont leur ami Jasper Milvain, un jeune journaliste aux splendides espérances. Car la loi est dure dans la « vallée de l’ombre et des livres » : les rêves d’absolu se heurtent aux réalités du marché, le manque d’argent pervertit les cœurs, les scrupuleux et les faibles retournent à l’obscurité sans que personne en soit ému. Mais New Grub Street ne s’apprécie pas seulement comme une description au vitriol de la vie culturelle londonienne de la fin du XIXe siècle et un portrait de l’artiste dépouillé de tout romantisme. C’est aussi une entreprise de dissection de la psyché humaine, des incompréhensions amoureuses, des tourments de l’orgueil, des instincts les plus vils et des élans les plus sublimes. C’est enfin le grand roman du méconnu George Gissing, que George Orwell admirait au point de considérer que l’Angleterre avait produit « bien peu de meilleurs romanciers ».