Alfred Dreyfus, l’officier innocent qui donna son nom à l’Affaire bouleversant la France et le monde au tournant du XXe siècle, est demeuré l’inconnu de l’Histoire. Son combat est pourtant celui d’un homme défendant son honneur et celui de sa famille, oeuvrant à la vérité et à la justice. Celui aussi d’un patriote viscéralement attaché aux valeurs démocratiques de la France libérale et républicaine, reconnu en cela par les dreyfusards vouant leur vie à la cause de l’innocent. Enfin celui d’un soldat d’exception contraint de renoncer à sa carrière par suite d’une dernière injustice mais engagé durant toute la guerre de 14-18 jusqu’à la victoire.
Demeuré pour la postérité le « capitaine Dreyfus », il adopta l’écriture comme un principe de survie et un acte de vérité, restituant l’histoire vraie d’un homme et d’une humanité espérant dans la justice. À la dernière humiliation d’une réhabilitation complète qui lui était refusée, il opposa l’exactitude de sa parole et la langue de la vérité. Pourtant, une large part de ses écrits demeure inconnue, tandis que ses livres et articles publiés semblent définitivement perdus dans le passé. La force et le sens du combat de Dreyfus disparaissent.
Les Lettres d’un innocent, suivies trois ans plus tard de son journal de l’île du Diable, Cinq années de ma vie, ne sont qu’une partie des écrits de l’homme résistant à la raison d’État et à la persécution raciale qui allaient progressivement submerger l’Europe – et que préparait déjà la violence coloniale.
Les OEuvres complètes du capitaine Dreyfus, pour la première fois réunies et publiées par deux historiens de renom, révèlent ce que fut la destinée d’un homme – à la patrie et à l’humanité reconnaissantes. Une vie à la modernité civique et politique évidente, qui nous parle et nous émeut comme rarement. Avec Dreyfus dans le texte, c’est l’Affaire tout entière qui nous revient au présent.
Vincent Duclert, historien, chercheur et ancien directeur du Centre Raymond Aron (CESPRA,EHESS-CNRS), anotamment publié en 2006 Alfred Dreyfus. L’honneur d’un patriote, l’année précédente la correspondance d’Alfred et Lucie Dreyfus, et en 2009 L’affaire Dreyfus (collectif, avec Perrine Simon-Nahum). Il a été co-commissaire de l’exposition du Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (mahJ) « Alfred Dreyfus. Le combat pour la justice » pour le centenaire de 2006.
Philippe Oriol, historien, dirige depuis septembre 2021, le Musée Dreyfus de Médan. Il a notamment publié en 1998 Les Carnets du capitaine Dreyfus, en 2017 la Correspondance inédite avec Marie Arconati-Visconti, et, en 2014, les deux tomes de L’Histoire de l’Affaire Dreyfus de 1894 à nos jours aux Belles Lettres. Il est co-commissaire de l’exposition « Alfred Dreyfus. Vérité et justice » du mahJ en 2025.
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